Sweelinck’s Weblog

octobre 30, 2015

Fushimi-Inari

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Fushimi_Inari

 

L’étonnant site de Fushimi-Inari est situé au sud de Kyoto, à 15 minutes à peine en chemin de fer depuis la gare centrale. Sur la ligne, vous dépassez les nombreuses communes qui forment l’agglomération de Kyoto. On n’en voit que les gares ou plutôt les quais, tous identiques, tous rigoureusement propres et normés.

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A la sortie de la gare de Fushimi-Inari,

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il suffit de traverser la rue pour trouver l’allée menant au complexe de temples du sanctuaire shintoïste dédié à Inari, kami des céréales et du riz, du commerce et des fonderies, protecteur des maisons.

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Ce kami est représenté par la figure du renard, ici un couple dont l’un tient une clé entre les dents et l’autre un épi de riz.

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La caractéristique principale de Fushimi-Inari est le nombre vertigineux de torii peints en rouge-orangé que l’on croise sur l’itinéraire : des milliers. Ce passage du monde profane au monde sacré se fait dès l’allée qui mène à la porte à deux étages qui marque l’entrée du sanctuaire.

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Le temple principal se trouve derrière, reconnaissable à ses papiers pliés et à ses cordes en paille de riz.

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Les boutiques du temple vendent des porte-bonheur, des planchettes à vœux (ema), des oracles de bonne ou mauvaise fortune et des torii miniatures.

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La promenade commence en pente douce.

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Jusqu’au premier torii.

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Très vite le réseau de torii se densifie pour former un véritable tunnel

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qui finit par se dédoubler.

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La plantation est si serrée que vous ne voyez plus au dehors.

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C’est fascinant.

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Et lorsqu’il y a une trouée entre deux torii, c’est pour regarder le tunnel de l’extérieur, dans le cadre forestier.

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L’implantation suit le relief.

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Fushimi-Inari est construit à flanc de colline, formant un circuit de 4 km. Il y a des stations avec ses boutiques, ses temples, ses chapelles, ses lanternes, ses fontaines lustrales, ses buvettes et ses commodités.

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Cela grimpe parfois solidement.

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La nature est omniprésente, intégrée dans le site.

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Cela sent la résine et l’humidité. Les corbeaux sont omniprésents eux aussi avec leurs cris parfois discordants.

Et cela continue à monter avec de temps à autre un replat avec son petit temple et ses satellites le tout bourré de torii de toutes les tailles, en pagaille.

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La promenade se poursuit dans le sous-bois de plus en plus dense

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Ou le tunnel de torii, de plus en plus serrés.

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Le point culminant est marqué par un temple qui émerge de la végétation. Ici, il ne reste plus que les pèlerins et les vrais sportifs.

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Il n’y cependant pas moins d’offrandes qu’ailleurs.

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Vient alors le moment de redescendre. Comme il est déjà tard dans la saison (nous sommes en octobre) et dans la journée (il est passé 16h), la luminosité commence à baisser.

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Qu’à cela ne tienne, il y a à la fois des lanternes de pierre et un bon éclairage électrique.

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Cela descend

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Je croise de petits temples

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Avec leurs offrandes

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Un grand nombre de statues sont habillées : une écharpe, un bonnet, un tablier. Toujours de couleur rouge.

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Une trouée entre les arbres permet de voir la vallée et d’apprécier la distance restant à parcourir avant de retrouver le monde profane.

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Au revoir Inari

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avril 18, 2014

Promenade à Asakusa

Promenade à Asakusa

 

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Asakusa est un des anciens quartiers de Tokyo possédant une tradition du loisir. S’étendant le long de la rivière Sumida, ce périmètre où se côtoient temples, galeries commerçantes et infrastructures de divertissement transpire un charme particulier.

Avant le terrible tremblement de terre de 1923, s’élevait là la plus haute tour en brique du Japon ainsi qu’un parc d’attraction avec une grande roue. Les théâtres et les maisons de plaisirs n’y manquaient pas.

Pour y accéder, mieux vaut prendre le métro jusqu’à la Station Asakusa d’où on arrive très vite à la grande porte qui donne accès au quartier : la porte de Kaminarimon. Le centre du passage est orné d’une immense lanterne rouge, de part et d’autre de la porte se tiennent des sculptures en bois des dieux du Tonnerre et du Vent. Je peux dire qu’ils n’ont pas l’air commode.

De là, vous suivez la Nakamise Dori, une artère bordée d’échoppes pour acheter des omiyagé, des souvenirs. La décoration de la rue varie selon les saisons : au printemps, des branches de cerisiers fleuris et en automne, des feuilles rousses.

 

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Si les allées latérales longeant l’arrière des boutiques recèlent une ambiance très traditionnelle,

 

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La promenade dans l’allée centrale est un plaisir pour le sens de l’observation : lycéennes aux jupes les plus courtes possibles, couples de personnes âgées en excursion, venues acheter des souvenirs pour les gens du pays, japonais faisant du tourisme.

 

 

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Enfin, il y a le contenu des étals : vêtements de style traditionnel, parapluies et ombrelles, chats porte-bonheur, peluches de toutes les tailles, baguettes, sabres, sacs, pinceaux à calligraphie, tee-shirts, etc. Au milieu de tous ces objets, la nourriture, sous forme de collations sucrées ou salées se taille la part du lion. Mais j’aurai l’occasion d’en parler plus tard.

 

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L’espace commerciale se prolonge perpendiculairement par des galeries couvertes, très agréables lorsqu’il pleut. On y trouve aussi de tout ainsi que des petits restaurants.

 

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Après avoir flâné dans Nakamise Dori, on arrive à proximité des temples. A gauche et à droite,

une ribambelle de lanternes en papier.

 

 

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Le toit de la pagode à cinq étages se voit de loin.

 

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Un portique avec trois grandes lanternes marque l’entrée dans le sanctuaire.

 

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De chaque côté se trouvent les boutiques de temples qui vendent encens, plaquettes votives, porte-bonheurs et autres souvenirs.

Point de rencontre, le brûle encens trône au milieu du passage.

 

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Chacun essaye de se mettre dans la trajectoire de la fumée parfumée, cela porte bonheur aussi.

Il y a la fontaine pour les purifications (mains, bouche)

 

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Enfin les derniers mètres jusqu’au temple de Sensoji ou Asakusa Kannon. Celui-ci est dédié à Kannon, le bodhisattva de la compassion.

 

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Dernier le grillage, j’aperçois la statue en bois trouvée dans la Sumida par trois pêcheurs et qui a décidé de la construction du temple. Autour de moi, les gens frappent des mains pour attirer l’attention de la divinité, prient et versent une obole dans les troncs. Je sens beaucoup de ferveur.

 

En sortant du temple, je me promène dans un petit jardin situé à gauche de l’édifice. La nature est toujours associée à la religion.

Un ruisseau traverse ce jardin

 

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Un pont traditionnel enjambe l’eau

 

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Permettant d’admirer la cascade d’un côté

 

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Et les carpes koïs de l’autre côté

 

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C’est paisible.

 

 

Du côté droite du Sensoji se dresse un sanctuaire shinto appelé populairement Sanja Sama (les Trois sanctuaires). Il est dédié aux trois pêcheurs ayant trouvé la statue de Kannon.

 

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J’avoue que j’ai un faible pour le Shintoïsme.

 

Avant de quitter le périmètre, je visite l’exposition de chrysanthèmes qui a lieu sur une esplanade entre les toilettes, la buvette et le coin repos. C’est une des fleurs d’automne les plus prisées au Japon et je dois dire que les exemplaires présents sont de tout beauté.

 

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Je m’éloigne d’Asakusa par les petites rues bordées de restaurants.

 

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mars 8, 2013

Japon 2012: premier épisode

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Narita

Jeudi 12 avril Paris

Comme lors de mon voyage au Rajasthan, je suis arrivé la veille du départ à l’aéroport Charles De Gaulle afin de m’assurer une bonne nuit de sommeil sur place. La soirée s’est passée à regarder la télévision, ce que je ne fais que très rarement. Cette fois-ci, il s’agissaient de documentaires, l’un sur les centres de traitement de l’obésité aux Etats Unis et l’autre sur le syndrome de Protée, une maladie rare dans laquelle une partie du corps continue sa croissance de manière continue.

L’embarquement n’étant fixé qu’13h30, rien ne me pressait de me lever.

Au matin, j’ai déjeuné dans ma chambre d’une brioche aux fruits secs de chez Paul. J’ai ensuite pris la navette vers le terminal F en tirant ma valise derrière moi. Heureusement qu’il y a des tapis roulants, les couloirs n’en finissent pas. Parvenu sur place je me mets à la recherche du comptoir d’enregistrement des bagages. Dès son ouverture, je dépose ma valise ce qui me permet d’avoir une place près de la fenêtre. Cette formalité accomplie, je reprends le chemin précédemment parcouru pour me présenter au comptoir du tour operateur. J’y rencontre le guide français qui n’est plus un inconnu pour moi. Nous serons huit voyageurs, dix avec les deux guides, un nombre qui permettra de moduler le programme. En attendant l’heure de l’embarquement, je m’offre un thé et un sandwich que je savoure assis dans un fauteuil confortable. Le vol va durer 12h, je m’y prépare psychologiquement et physiquement.

Nous avons décollé de Paris à 13h30 sous un soleil radieux. L’avion est rempli de japonais. Ceux-ci se sont d’emblée préparés pour dormir, installant dans la carlingue un calme digne de l’Olympe. Comme prévu, je suis assis près du hublot ce qui va me permettre de suivre les différentes étapes du vol. L’avion s’élève tout d’abord au-dessus de la campagne française en direction du nord, survolant la Belgique dès 14h, Ribe et Aarhus au Danemark vers 14h50 et ensuite le Suède vingt minutes plus tard. A 15h30, nous passons à la verticale de Stockholm. Lorsque je remets le nez au hublot vers 16h, nous survolons une étendue au paysage lunaire, des lacs gelés. Le vol se dirige alors vers l’est survolant Savonlinna au sud-est de la Finlande avant de franchir la frontière russe. Le panorama reste blanc et rocailleux. La luminosité baisse progressivement rendant le spectacle plus difficile à suivre. Régulièrement, je me lève pour faire le tour de l’avion, étirer mes muscles, faire des mouvements de pompage avec mes pieds pour maintenir une bonne circulation sanguine dans les jambes. Je bois de l’eau en quantité. A 17h30, j’aperçois, en me penchant, l’embouchure de l’Ob, un ruban argenté se dirigeant vers la mer, une mer glacée. A ce stade du voyage, je regarde mon premier film du vol : Intouchables. Gentil, plein de bons sentiments mais peu réaliste. Enfin, cela distrait. Le repas est servi vers 19h précédé par un petit verre de champagne. Merci Air France ! Dehors, il fait un noir d’encre. Lorsque je jette un coup d’œil sur le plan de vol, je constate que nous survolons la Mongolie. Comme notre arrivée est prévue à 1h du matin, j’avale un comprimé de Sédinal et me prépare à dormir. Une heure plus tard, je ne suis toujours pas dans les bras de Morphée et j’assiste au lever du jour qui ne prend que quelques minutes. La nuit a été des plus courtes. A ce stade, je sais que je ne trouverai pas le sommeil. Je décide donc de visionner un second film : Jane Eyre. Je prends la version originale, espérant ainsi réactiver mon anglais puisque je serai amené à parler cette langue dès mon arrivée.

A 22h30, l’avion survole la Sibérie puis la ville de Khabarovsk à l’extrême est de la région.

Le soleil monte au dessus de l’horizon. Le Japon méritera pleinement son nom pour moi : le pays du soleil levant. Enfin, j’aperçois la mer, il est 23h10. A minuit, nous abordons le Japon par Niigata, une ville portuaire de la côte ouest de l’île. Nous traversons le Japon pour rejoindre le Pacifique. Sommes-nous passés au-dessus de la centrale de Fukushima ? Et bien, oui.

Les traces du tsunami de l’année précédente sont encore très visibles : la végétation est tondue le long des côtes et jusque loin dans les terres. Néanmoins, des bâtiments ont été reconstruits et la vie a repris le dessus. Nous volons en direction de Tokyo à une altitude de plus en plus basse ce qui me permet de voir de nombreux ports, les torchères des raffineries de pétrole, des éoliennes en grand nombre, des toits d’usines, un fleuve enjambé par un pont, des champs bruns ou verdâtres où pousse une future récolte de riz, des maisons basses aux toits de tuiles, des autoroutes, un réseau dense de routes. Après un tour au-dessus de l’océan, nous entamons la descente vers Narita où nous nous posons à 0h30 soit 7h30, heure locale. Je vois déjà des cerisiers en fleurs, une sorte de bruine blanche et mousseuse.

Vendredi 13 avril : Tokyo

Narita est un grand aéroport international comme les autres : des couloirs, des escalators, des voyageurs avec et sans bagage. Le chemin à suivre est clairement indiqué, les indications sont en japonais et en anglais. Avant de me présenter à la douane et au contrôle de l’immigration, je me rends aux toilettes pour me rafraîchir après cette nuit des plus courtes. La rencontre avec le wc japonais est une surprise, une bonne surprise. Quelle propreté ! Quel confort ! Imaginez-vous que le siège est chaud, pas brulant mais à une température agréable. J’en mesurerai pleinement les avantages dans les Alpes japonaises, là où l’atmosphère est plus froide et humide qu’à Tokyo. Mais ce n’est pas tout ! La chasse d’eau est automatique, à droite du siège, vous avez un clavier qui vous permet de choisir entre plusieurs jets de nettoyage, de régler la température de l’eau et même de diffuser de la musique ou des chants d’oiseaux.

Narita toilette

Les lieux d’aisance sont là de vrais endroits de confort.

Quittant à regret un tel havre de félicité, je me présente aux nombreux contrôles où je dois laisser mes empruntes digitales ainsi qu’une photo de ma personne. Après avoir récupéré ma valise, je rejoins notre groupe pour faire la connaissance des autres participants.

Et le circuit commence sur des chapeaux de roues. Notre minibus bien trop grand pour notre nombre réduit nous attend dans le parking de l’aérogare où des cerisiers sont en fleurs. Vu de près, ce sont de simples cerisiers à pétales blancs. Certains ont des fleurs doubles mais ce ne sont pas ce que nous appelons des cerisiers du Japon (rose, aux fleurs en pompons). Ils sont japonais certes mais de fait, pas par nature.

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Ce dont j’aurais envie maintenant, c’est de faire une sieste après avoir pris une douche. Mais ce n’est pas prévu au programme. L’autocar nous conduit jusqu’à l’hôtel où nous déposerons nos bagages pour repartir immédiatement pour visiter. Notre véhicule roule maintenant dans le lacis urbain de Tokyo. Les buildings se succèdent sans solution de continuité : cette diversité de formes n’est pourtant pas désagréable. Entre chacun d’entre eux est ménagé un espace de sécurité en cas de tremblement de terre. Au Japon, le terre tremble jusqu’à mille fois par an, ce qui veut dire une activité sismique quotidienne. Je dois avouer que je n’ai rien senti pendant mon séjour, à peine une sensation vertigineuse très fugace à deux reprises. Au milieu de ces bâtiments aux nombreux étages circulent des voies d’autoroutes masquées par des murs antibruit d’une propreté méticuleuse. Ces voies se croisent, se superposent, s’enchevêtrent à donner le tournis. La circulation est très fluide sur ces axes qui traversent toute la mégapole. Tous les tokyoïtes n’ont pas une voiture, loin de là. Pour en posséder un, il faut savoir prouver qu’on possède un emplacement où la garer. Dans la ville, la place est comptée et j’ai vu des garages-tours dans lesquels un ascenseur emmène les voitures aux étages supérieurs. Après presqu’une heure de trajet, nous arrivons dans les avenues très aérées du quartier de Ginza, là où se trouve notre hôtel.

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Situé sur  large boulevard, le Courtyard Marriott est un grand hôtel international un peu impersonnel. Nous sommes invités à déposer nos valises à la consigne et à ne prendre que le strict nécessaire pour l’après-midi. Dans le sas de sortir, j’avise un étrange dispositif. Il s’agit d’une consigne à parapluies. Au Japon, il pleut souvent. Les parapluies n’étant pas les bienvenus à l’intérieur, il est souhaité que vous laissiez le votre dehors et pour être sûr de le retrouver, un logement muni d’une clé numérotée permet de rester propriétaire de votre riflard.

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Les effets du décalage horaire se font déjà sentir : j’ai envie de dormir. Nous remontons dans le minibus pour nous rendre au lieu de la première visite, le quartier d’Asakusa. Pour cela, il faut traverser la ville vers le nord. Notre véhicule nous dépose en vitesse le long d’une grande avenue bordée de buildings. Pour accéder à l’entrée du quartier, il suffit de traverser un carrefour que des passages zébrés traversent en diagonale. J’admire à nouveau la propreté irréprochable des rues, des bâtiments, de tout. Comme il n’est permis de fumer qu’aux rares endroits disposés à cet effet, il n’y a pas de mégots de cigarettes sur le sol.

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Asakusa était un quartier de plaisirs à l’époque Edo. Il garde un peu de cette légèreté de nos jours avec ses boutiques, ses restaurants et ses nombreuses fêtes. Pour pénétrer dans cet espace, nous passons sous la porte Kaminari-mon avec sa superbe lanterne rouge et ses deux gardiens menaçants.

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De là, s’ouvre une rue piétonne (Nakamise dori) bordée de boutiques vendant ce que je qualifierais de souvenirs. Dès ce moment, mes yeux sont à l’œuvre pour capter un maximum de sujets d’étonnement.

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Les collégiennes en uniforme posent avec complaisance. Certaines personnes portent un masque sur la bouche pour protéger les autres d’une éventuelle contamination. S’étant senties enrhumées en quittant leur domicile, elles préfèrent éviter à autrui ce genre de désagrément. Ah, le savoir-vivre japonais…

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La période de la floraison des cerisiers bat son plein, la décoration le rappelle, donnant un air printanier à notre promenade.

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Dans les rues perpendiculaires s’ouvrent des galeries marchandes couvertes, très agréables par temps de pluie.

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Nous approchons du complexe de temples qui ferme la rue.

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Pour y accéder, nous passons sous une porte monumentale (Hozo-mon) munie elle aussi de sa lanterne.

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Sur le côté droit de la rue s’élève une pagode à cinq étages ainsi que de petits sanctuaires.

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C’est là que je fais connaissance avec Jizo, une divinité touchante du panthéon bouddhique. Ce petit moine souvent habillé de tissu rouge protège les âmes des enfants tombées dans les limbes. Il est particulièrement révéré par les parents ayant perdu un enfant.

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La purification est une composante indispensable du rituel shintoïste. Avant tout acte religieux, il convient de se rincer les mains et la bouche à la fontaine d’eau lustrale.

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L’eau y est distribuée par un gardien des lieux, souvent un dragon que j’ai pris plaisir à photographier durant ce voyage.

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Dans les infrastructures religieuses, le bouddhisme côtoie le shintoïsme. Au Japon, on nait shintoïste mais on meurt bouddhiste. Le premier insiste sur la pureté, le second sur la dimension humaine incluant la maladie et la mort. Ce syncrétisme recèle un aspect pragmatique qui plait à l’âme japonaise.

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A mon grand regret, nous faisons demi-tour pour poursuivre ailleurs notre visite. Décidément, le rythme est endiablé. J’en profite cependant pour étudier le contenu des boutiques. Au rayon des objets de tradition figurent les kimonos, les haoris (veste courte), les sandales de paille, les éventails et autres parures. Je repère une boutique de figurine avec celle du chat porte-bonheur : Maneki neko. La légende raconte qu’un samouraï s’étant abrité de la pluie sous un grand arbre vit une chatte s’asseoir sous un avant-toit en face de lui et lui faire des signes de sa patte gauche. Face à l’insistance de l’animal, l’homme quitta son abri pour le rejoindre bravant ainsi la pluie. Il venait à peine de s’éloigner de l’arbre que celui-ci fut frappé par la foudre et s’embrasa immédiatement. S’il était resté là, le samouraï aurait été carbonisé. Par reconnaissance pour la chatte, le seigneur lui voua un culte des plus communicatifs. Cette figure apporte le bonheur et la fortune dans les foyers et les commerces. On le voit donc très souvent au Japon.

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Il y a évidemment des denrées de bouche parmi ces étals et j’ai trouvé qu’un petit en-cas serait le bienvenu. Mais que choisir ? Sucré ou salé ? Cuit à la vapeur ou frit ? Me fiant aux conseilles du guide, j’ai opté pour des beignets de pate de riz fourrés à la pâte de haricot rouge nature. Roboratif au possible mais plutôt agréable avec cette consistance pâteuse remplissant bien la bouche.

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Plus loin, j’avais le choix parmi des biscuits salés.

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Difficile de mourir de faim au Japon, les habitants grignotent

sans discontinuer.

Notre promenade à cent à l’heure se poursuit par une croisière sur la Sumida, le fleuve qui traverse Tokyo, bordé d’immeubles impressionnants comme celui de la brasserie Asahi décoré d’un « piment » voulant symboliser la mousse de la bière et désigné par Philippe Starck.

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Le fleuve est contenu par des rives en béton bien nettes afin d’éviter les inondations. Une promenade court sur les berges, agrémentée de plantations. Les buildings de part et d’autre donnent une sensation de neuf, encore une résultante de la religion shintoïste qui aime ce qui est bien net. Notre bateau passe sous de nombreux ponts, nous faisons quelques arrêts pour prendre des passagers, ce bateau fait partie des transports urbains. La fatigue m’a envahi et cela fait belle lurette que je n’écoute plus les commentaires de nos guides. Je profite du bercement de l’embarcation et de la douceur du soleil. Nous passons devant le grand marché aux poissons de Tsukiji que nous ne visiterons pas, à mon grand désappointement. Il doit y avoir là, une activité débordante. Voici donc une deuxième raison de revenir ici lors d’un prochain voyage.

Plus loin, le fleuve s’élargit et nous entrons dans le début de la rade de Tokyo. Quelle immensité ! A perte de vue de l’eau, l’Océan Pacifique. J’ai une sensation d’espace des plus exaltantes. C’est à ce moment que notre bateau vire vers la droite et s’engage dans un chenal en direction d’un espace vert. Nous faisons un arrêt au jardin Hama Rikyu onshi kôen datant du 17ème siècle. Nous ne visiterons pas, hélas. Après avoir embarqué quelques nouveaux passagers, le bateau commence à remonter le fleuve vers notre point de départ. Nous quittons notre transport en commun au niveau de Ginza pour aller manger, il n’est que midi, je ne l’aurais pas cru. Le restaurant se trouve à deux pas de L’international Forum, un grand bâtiment en verre et acier où se tiennent conférences, colloques, événements culturels. C’est très lumineux et calme.

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Premier contact avec la gastronomie nipponne, parce qu’il s’agit vraiment de gastronomie. La cuisine du Japon est d’une délicatesse extrême, les ingrédients sont d’une fraîcheur incomparable et les modes de cuisson ne masquent pas la saveur des aliments. Il faut cependant accepter ne pas toujours savoir ce qu’on mange mais à ce jeu là, je n’ai pas été déçu. Ce midi, nous avons droit à de la tenpura : grosses crevettes, asperge entière, légumes non-identifiés, poissons, crustacés. Entre les différents épisodes du repas, je déguste du riz aux légumes salés, du daikon râpé et de la soupe de miso aux algues. Je suis plutôt en terrain connu, j’ai déjà mangé de tout cela et l’usage des baguettes ne me pose pas de problème. De plus, les baguettes japonaises ont une forme plus effilée à une extrémité rendant leur usage plus facile que celui des baguettes chinoises. Comme boissons, il y a de l’eau, du thé vert, du saké chaud ou froid et de la bière. Celle-ci est toujours blonde, un peu comme une pils. A la longue, ma préférence se portera sur la bière Sapporo. Après le repas, une sieste serait la bienvenue. Et bien, non. Nous repartons vers une station de métro non sans un passage express aux toilettes, toujours le même confort, la même propreté.

Tokyo est sillonné en sous-sol par d’innombrables lignes de métro et de train interurbain. Le système est comparable à celui du métro parisien, en beaucoup plus vaste. A nouveau, les indications sont bilingues et, lorsqu’on a compris la logique, il n’est pas difficile de s’y retrouver. Les distributeurs de billets offrent des explications multilingues, il faut juste compter le nombre de stations entre le point d’embarquement et l’arrivée pour savoir la somme à payer pour le trajet.

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Les couloirs sont comme ceux d’une fourmilière, parcourus par un flot dense de voyageurs. Je fais attention à ne pas perdre le groupe. Sur le quai, il y a des marquages au sol pour indiquer où commence la file pour monter dans les voitures.

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Tout fonctionne comme un mécanisme d’horlogerie. Dans la foule, je me sens à mon aise, il y a ici un sentiment de sécurité inconnu en Europe.

A 16h30, nous sortons de la station de train d’Harajuku et prenons la direction du parc Yoyogi. A l’entrée, un panonceau fixe les divers interdits. Il faut croire qu’il y a des gens qui promènent leur chat en laisse.

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Laissant à notre gauche la grande partie du parc, nous suivons une allée en direction du sanctuaire shintoïste de Meiji Jingu. La végétation du parc est assez remarquable, les arbres doivent avoir atteint un âge vénérable pour présenter de tels futs. De part et d’autre du chemin s’alignent des tonneaux de saké donnés en offrande au temple. Chacun porte une décoration particulière rappelant son origine.

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Un torii marque l’entrée du complexe des temples nichés eux aussi dans la verdure. Dans le culte shintoïste, la nature est au premier rang.

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Dans la cour principale se dressent plusieurs arbres gigantesques qui sont divinisés : ce sont des arbres à kamis. Les kamis sont des divinités de la nature dont il vaut mieux se ménager les faveurs.

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Une corde en paille de riz décorée par des papiers pliés indique la présence de divinités.

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Dans tous les sanctuaires que nous avons visités, nous avons rencontré ces plaquettes en bois blancs suspendues près de lieux divinement habités. Celui qui souhaite laisser un vœux aux bons soins des kamis, trace sa requête sur le bois et le suspend à l’endroit prévu. Une obole est aussi la bienvenue.

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Les visiteurs montent les marches du temple, arrivé au sommet de l’escalier, ils marquent un temps d’arrêt puis jettent de la monnaie dans un coffre destiné à cet usage. Devant le guichet du temple, ils frappent dans les mains pour attirer l’attention de la divinité puis rapprochent leurs mains devant leur visage pour prier. J’ai été frappé par l’intensité de cette prière qui, bien que de courte durée, met les pratiquants dans un état de forte concentration.

Après la sérénité de ces lieux spirituels, nous retournons à la gare d’Harajuku pour rejoindre à pied Omotesando dori via Takeshita dori, une rue interdite aux voitures mais fréquentée par la jeunesse branchée.

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Jupettes à ras des fesses, couleurs flashies, maquillages trash, jeunots à la tignasse oxygénée déambulent dans une ambiance bonne enfant. Les commerces hyperbranchés offrent des gadgets, des vêtements, des CDs et dvds, du matériel informatique dernier cri et autres denrées superflues. Je m’arrête pour visiter un magasin de prêt à porter pour animaux, le Pets Paradise.

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Oui, oui, les japonais prennent plaisir à habiller chats et chiens. Quelques dizaines de pas plus loin, sur Omotesando dori, une campagne publicitaire pour une marque de glaces américaines me donne l’occasion de prouver mes dires. J’ai aussi vu un caniche revêtu d’un costume marin à grand col.

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Cette avenue, bordée de bâtiments appartenant à de prestigieuses marques de produits de luxe est considérée comme les Champs Elysées tokyoïtes. Elle est surtout longue pour quelqu’un qui a passé une nuit blanche. Enfin, nous trouvons une station de métro sur la Ginza line qui nous amène à quelques centaines de mètres de notre hôtel. J’en profite encore pour photographier les enseignes lumineuses sur le carrefour de Ginza avec son immeuble à l’horloge bien caractéristique.

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Enfin, à 18h30, je franchis la porte d’entrée de l’hôtel. Mes bagages sont déjà dans la chambre, je vais pouvoir prendre une douche avant le repas du soir fixé à 20h.

Celui est servi dans une salle à manger de type occidental avec un buffet central auquel chacun va se servir. Peu de surprises au menu, une cuisine consensuelle qui déçoit et satisfait tout le monde. Je fais davantage connaissance avec le groupe composé exclusivement de français. A 21h, j’ai mon compte de bavardage et je n’aspire qu’à une chose : faire connaissance avec la literie japonaise.

septembre 5, 2012

Voyage au Rajasthan: 9ème épisode

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Samedi 30 avril : Vers Ranakpur

 

Départ aux aurores pour rejoindre Ranakpur à quelques 159 km vers le sud via l’autoroute que nous connaissons déjà bien.

En chemin, nous nous arrêtons à Pali pour visiter le temple hindouiste de cette petite agglomération.

Devant le bâtiment se tient l’étal du marchand d’offrandes : des noix de coco coupées en deux et des bonbons en sucre blanc en forme de boules granuleuses.

Nous passons le portique pour pénétrer dans une cour dans laquelle poussent des arbres, tout est blanc. C’est là que nous laissons nos chaussures parmi bien d’autres paires aux formes variées.

De petits temples dédiés à diverses divinités sont disséminés dans cet espace. Les animaux sacrés comme la vache ou le cobra y sont honorés.

 

Plus loin, c’est Hanuman qui a reçu un collier de fleurs de tagètes.

L’architecture générale n’est pas sans évoquer celle des chhatris avec de nombreux clochetons.

 

Avant d’arriver dans le saint des saints, je découvre une représentation de Brahma, le créateur avec ses quatre visages.

 

Il est moins vénéré que les autres figures de la Trinité hindouiste parce que son rôle est bien plus court que celui de Shiva ou de Vishnou : il s’arrête après la création. Il est donc rarement représenté.

Ganesh par contre est bien présent et bien honoré comme en témoignent les nombreuses offrandes qu’il reçoit.

 

L’odeur de l’encens devient de plus en plus forte à mesure que nous arrivons à l’endroit le plus sacré du temple. Ici, pas de photo. Il s’agit d’une sorte de reposoir devant lequel officie un brahmane qui collecte la moitié des offrandes c’est-à-dire une demi noix de coco et la moitié du sac de bonbons blancs.

Le reste doit être partagé avec les personnes rencontrées dans l’enceinte du temple ou même en dehors.

Une des cours du temple est cernée de trois côtés par un couloir couvert surplombé d’une corniche représentant  le dieu Shiva, le destructeur avec son trident.

 

Tout est très coloré, comme toujours.

Nous avons la chance d’être les témoins d’une cérémonie de mariage. Le couple est assis au centre devant des plateaux contenant des fruits, des grains de blé artistement rangés et du riz.

En face d’eux sont assis des prêtres brahmanes qui psalmodient des prières de bénédictions. Les voix sont graves et puissantes, il y a des soli repris par l’ensemble du clergé.

Plus loin, dans une salle au dallage noir et blanc, nous rencontrons les gardiens du feu sacré

Sur le chemin du retour, notre guide indien distribue la moitié des offrandes, il en reste encore assez pour nous tous et cela me donne l’occasion de gouter ces fameux bonbons : rien que du sucre.

Nous reprenons la route, traversant un paysage désertique

et quelques villages très pittoresques.

Ai-je précisé que notre car n’est pas climatisé ?

En roulant avec les fenêtres ouvertes, la chaleur est tout à fait acceptable, à peine 35°.

A l’arrivée à l’hôtel à Ranakpur, nous sommes accueillis par un personnage barbu et enturbanné qui nous passe un collier de tagètes autour du cou. L’endroit est superbe, perdu au milieu des champs, un havre de sérénité.

L’après midi est consacrée à la visite d’un ensemble de temples jaïns datant du XVème siècle.

Pour arriver au seuil du temple d’Adinath que nous allons visiter,

 

nous traversons un jardin fleuri de bougainvillées et de frangipaniers.

 

Un vrai paradis terrestre.

Comme partout, nous laissons nos chaussures à l’écart ainsi que tout objet en cuir et toute nourriture, eau y compris, avant de gravir l’escalier en marbre qui mène à l’entrée. Là, nous sommes accueillis par le service de sécurité qui nous fouille. J’ai oublié un paquet de biscuits dans mon sac, je l’abandonne pour la visite. A l’intérieur, nous sommes assaillis par la complexité de l’architecture.

Malgré un plan cruciforme, il est difficile de se repérer dans la multitude de « chapelles » secondaires, de portiques et d’escaliers.

Tout est sculpté avec une finesse inimaginable, du sol au plafond.

Un arbre a poussé dans l’enceinte du temple, personne n’a pensé à le déplanter mais au contraire, on lui a fait de la place.

Le Jaïnisme prône le respect absolu de la vie. 

Au centre de l’édifice se tient une cella surélevée à laquelle nous n’avons pas accès. Seuls les croyants peuvent s’y rendre pour prier. Elle contient la figure du premier Tirthankara.

Plus loin, nous pouvons tout de même porter les yeux sur d’autres sages éclairés.

Un prêtre brahmane nous propose, moyennant rémunération, de dire une prière et de nous bénir. Nous entendons à notre intention le même type de prière que le matin dans le temple hindou.

Nous croisons à nouveau un gardien de seuil rappelant la pureté nécessaire pour franchir la porte d’un temple.

Je déambule dans l’édifice allant d’une plateforme à un étroit couloir :

tout est décoré

Notre promenade se poursuit dans le jardin abritant les temples,

 

dévoilant sa faune locale.

 

Depuis la terrasse du temple suivant, la vue sur le temple d’Adinath que nous venons de quitter est superbe.

Nous visitons l’extérieur du bâtiment et particulièrement le « pain de sucre » qui surmonte la plupart des temples jaïns.

Les sculptures qui l’ornent sont évocatrices

mais on y retrouve aussi le gardien du seuil et d’autres symboles comme l’éléphant et la roue.

Sur la route du retour qui est bordée d’eucalyptus, nous apercevons des singes gris aux longs membres beaucoup moins belliqueux que ceux rencontrés précédemment.

Après le repas, j’irai contempler la voute étoilée sur les toits en terrasses de l’hôtel.  Prélude à une bonne nuit de sommeil.

 

 

À suivre…

 

août 19, 2011

Voyage au Rajasthan: 3ème épisode

Dimanche 24 avril Agra – Jaipur

Levé à 6h pour un départ à 7h30, ce
qui ne m’empêche pas de savourer une bonne tasse de thé fait à l’anglaise, les
feuilles jetées directement dans la théière et le passe-thé pour éviter que les
dites feuilles ne se retrouvent dans la tasse de l’hôte. Nous quittons Agra
pour nous diriger vers Jaipur à 233 km de là. En chemin, nous faisons un arrêt
à Fatehpur Sikri, ville construite  vers
1570 sous les ordres d’Akbar et témoignant de sa volonté de réunir toutes les
religions. Malheureusement ce chef d’œuvre de l’art moghol n’a pu être occupé
longtemps : le manque d’eau s’y fit rapidement sentir et la cour déménagea
à Lahore dès 1585. Il reste des ruines particulièrement bien conservées et
désertes à cette heure matinale, ce qui renforce la sensation d’abandon et de
nostalgie qu’elles induisent. Tous les bâtiments sont en grès rouge, une
couleur qui tranche sur le paysage jauni et poussiéreux de la campagne
environnante. Nous entrons dans une cour entourée par un péristyle où quelques
hommes lisent le journal et fument du cannabis (l’odeur est très frappante) Au
centre de cette cour, de la verdure, des plantes dont un jardinier armé d’une
houe remue la terre pour y maintenir un peu d’humidité.

Nous traversons une porte pour
arriver dans la cour principale avec son jeu de chaupur (sorte de jeu d’échecs)
géant permettant d’utiliser des personnes comme pions.

 

D’un côté, le diwan-i-Khas ou salle des
audiences avec son stupéfiant pilier central sculpté, soutenant un balcon circulaire
accessible par quatre passerelles. Cela permettait à l’empereur de se tenir au
centre pendant que ses ministres prenaient place sur les côtés.

                               Dentelle de pierre, abondance de
motifs sculptés, consoles de linteaux figurant des monstres aquatiques de la
gueule desquels sort un fleuve, art figuratif ou abstrait, enfilade de portes
qui permet de porter la vue au loin. Je ne peux qu’imaginer la vie brillante
menée à la cour d’Akbar.

 A l’opposé de ces bâtiments sont situés les
appartements de l’empereur et de ses femmes. Les musiciens et les danseurs se
tenaient au centre d’un bassin d’eau qui assurait aussi la fraîcheur des
chambres à coucher.

Malgré le ciel couvert, la chaleur
avoisine déjà les 38°, tout le monde cherche l’ombre pour écouter les
explications de notre guide indien.

 

Quelques traces de fresques dans le
style persan subsistent dans les appartements de l’empereur qui, sans savoir
lire, était féru de savoir et recevait à sa cour savants musulmans, pères
jésuites et tous ceux qui pouvaient partager leurs connaissances avec lui.

L’aile réservée aux nombreuses concubines d’Akbar trahit des influences
indiennes.

L’aile réservée aux nombreuses concubines d’Akbar trahit des influences
indiennes. Les portes ne sont pas en vis-à-vis

pour empêcher le regard d’apercevoir les divines beautés de l’empereur.

 Dans cet univers féminin, on retrouve les
jalis qui permettent de voir sans être vu, un hammam et même des latrines.

Avant de visiter la mosquée, je
visite les toilettes locales à la turque. Propres mais sans papier, ce que j’avais
prévu. Le groupe a pris de l’avance et je me dépêche de le rejoindre, déjà
cernée par des vendeurs et des enfants demandant des roupies. Pour cette
visite, mes nerfs seront mis à rude épreuve : les pieds nus sur le marbre
et le grès surchauffés, la foule des marchands et des mendiants qui m’empêche
de regarder comme je le souhaiterais et le rythme trop rapide de la visite.
C’est dommage parce que le site en vaut largement la peine. Après avoir laissé
mes sandales à la garde du portier, j’entre dans une grande cour cernée
d’édifices décorés et traversée par des bandes de tissus qui évitent le
supplice du sol brûlant sous la plante des pieds.

La Grande Mosquée de Fatehpur Sikri
renferme le tombeau de Sheikh Salim Chishti (1480-1572), un saint ascète à la
sagesse proverbiale qu’Akbar consulta à de nombreuses reprises.

Son mausolée en marbre blanc
immaculé est ce qu’on remarque de prime abord une fois passé la porte. Tout le
monde converge dans cette direction de manière irrésistible, négligeant presque
de passer par le bassin d’ablution et de contempler la Sublime Porte, décorée
et surmontée de petits kiosques à fines colonnettes.

Je fais comme tout le monde, je
rends visite au saint. Sur le perron, des musiciens jouent de la musique
soufie, je peux voir de près cet instrument à clavier dont le son et le
fonctionnement ressemblent à celui d’un harmonium.

Je me faufile à l’intérieur de
l’édifice délimité par un déambulatoire fermé par des jalis au centre duquel se
trouve le tombeau.

Je décide de me laisser guider par
les indiens et puisque le lieu est saint, je le salue par une génuflexion avant
d’observer ce qui m’entoure. Au seuil, un « préposé » fournit les
offrandes contre rémunération. A l’intérieur, la circulation se fait par la gauche
et si la décoration est de toute beauté, ce qui retient mon attention, ce sont
les rites que font hindous et musulmans. Les gens déposent sur la pierre
funéraire, des pièces de tissu richement décorées puis y répandent des pétales
de roses dont l’odeur s’ajoute à celle de l’encens. Ensuite, ils vont nouer un
fil de coton rose ou orange aux jalis en prononçant un vœu. Le guide indien me
donne un fil rose et je vais l’attacher au grillage de marbre. Ce n’est pas
simple parce que ce treillage est très épais. Enfin mes doigts y arrivent et je
formule mon vœu puis reprends la circulation pour sortir du saint des saints.
On pourrait s’attendre à une ambiance recueillie et chuchotante dans un tel
lieu mais les indiens sont souvent très bruyants, ici aussi.  Le déambulatoire résonne de leurs
conversations sans que la ferveur en pâtisse. Le sacré est au cœur de la Vie,
de leur vie.

La visite se poursuit par la mosquée
dont je ne retiens que les longs couloirs du péristyle occupés par les étals
des marchands d’articles divers et les sensations de mes pieds à la fois
dévorés par la chaleur et irrités par les débris épars de toute espèce.

Notre guide indien hâte le pas et je
prends des photos à défaut de pouvoir contempler ce site et en savourer
l’ambiance. Rechaussé, je me sens déjà mieux à même de faire face à cinq
enfants qui me réclament des roupies. Je ne les écarte pas, je les écoute me
dire « Hello », je leur sourie en me demandant ce que je pourrais
bien leur donner. Arrivé au car, il n’en reste plus que trois dont le plus
jeune a environ 5 ans. Je partage un paquet de biscuits secs entre eux et cela
a l’air de leur plaire. M’asseoir dans le car est un soulagement après la
proximité de la foule et le harcèlement des marchands.

Avant la pause du repas, nous
visitons encore la réserve naturelle de Keoladeo. Le soleil est au zénith et
tout grille. Le car nous dépose au parking à quelques centaines de mètres de
l’entrée, le reste de la visite se fait en cyclo-rickshaw. Seul à bord ;
mon conducteur porte un turban sikh et me demande à chaque cahot si tout va
bien.

Il y a peu de grands arbres dans
cette réserve, à peine quelques eucalyptus. Le reste se compose de buissons et
de prairies jaunies. Notre guide est un ornithologiste indien à la voix de fausset
mais à l’œil de lynx qui, à l’aide de jumelles, arrive à nous montrer un pic,
une chouette, des essaims d’abeilles, des antilopes en plus de singes, de
buffles et de divers oiseaux. Les migrateurs sont déjà partis en cette période
de l’année ce qui enlève beaucoup d’intérêt à la visite. Néanmoins, la
promenade est agréable.

Nous faisons une première halte pour
voir des singes, des animaux bien agressifs avec lesquels, il vaut mieux faire
preuve de prudence.

Ensuite nous nous arrêtons à un point d’eau pour observer
des oiseaux. Il faudrait respecter un silence absolu si nous voulons avoir la
chance d’en voir plus mais les participants du groupe n’ont pas l’habitude de
ce type de visite et, de plus, ils ont faim. Je reste sur ma faim, j’espérais voir
davantage.

 

Nous reprenons la route et faisons un arrêt
dans une auberge de style anglo-indien entourée d’un beau jardin, une sorte de
havre de paix et de verdure dans le paysage desséché qui borde la route.

Je flâne un peu avant de m’attabler
dans la salle à manger pour un repas pris au buffet et arrosé d’une bière
Kingfischer, bien rafraîchissante. Le menu ne varie pas beaucoup :
épinards épicés, fromage cuit dans un sauce rouge et piquante, gratin
d’aubergines, okras aux tomates, soupe de lentilles relevée, riz blanc et
naans. Le lait caillé est délicieux et améliore l’état du système digestif mis
à mal par tant d’épices.

Nous reprenons notre route vers
Jaipur. En fin d’après midi, nous faisons une halte dans une petite cité pour
visiter un puits monumental.

L’enceinte du puits renferme un
petit musée lapidaire ainsi qu’un autel dédié à Ganesh dont les abords sont
d’une saleté remarquable, les mouches y sont légion.

                                                                                                                                           

Le puits lui-même se présente comme
un amphithéâtre dont les gradins sont remplacés par des escaliers d’une dizaine
de marches à chaque fois, permettant de descendre jusqu’au niveau de l’eau. Les
indiens ont apporté ici une réponse différente au problème résolu par les grecs
et les romains par des gradins. C’est très ingénieux et fascinant à regarder.

Le calme de ce site contraste avec
l’animation à l’extérieur de celui-ci. Je retrouve les enfants, mendiant des
roupies et je n’en puis plus, je retourne m’enfermer dans le car tandis que le
groupe rend visite à un potier. J’espère que je vais m’habituer à ce
harcèlement perpétuel ou y trouver une réponse satisfaisante pour moi. La nuit
tombe alors que nous  sommes encore en
route vers Jaipur ; arrivée tardive à l’hôtel Trident pour une courte
nuit.

A suivre….

juillet 11, 2011

Voyage au Rajasthan: 2ème épisode

Samedi 23 avril Agra

 

Réveillé aux aurores, je découvre de ma fenêtre le superbe jardin intérieur avec sa piscine et je décide d’y faire une promenade matinale.

 

Il fait divinement bon, les plantes embaument, les fleurs rivalisent de couleurs. J’entends les bruits de la ville déjà bien active et le cri des paons dans les terrains vagues. Je me sens transportée par tant de délices, je savoure pleinement l’instant, de tous mes sens.

Le programme des visites du jour comprend le Taj Mahal. Pour y parvenir, nous laissons notre car pour emprunter des calèches tirées par un cheval. Etant une « pièce rapportée », je partage la calèche avec le guide français, un amoureux des animaux comme moi. Il fait comprendre au conducteur que nous avons le temps et que son cheval ne doit pas courir. D’ailleurs celui-ci a des blessures au niveau du harnais, c’est lui qui recevra le plus gros pourboire : des biscuits secs. Il reste quelques mètres à faire à pieds jusqu’à l’entrée et nous sommes littéralement pris d’assaut par les vendeurs de guides touristiques dans toutes les langues, de bracelets en argent (disent-ils), de porte-clés, de bics décorés et autres pacotilles. Ils insistent, marchent à nos côtés, baissent les prix, font promettre que nous reviendrons visiter leur boutique, bref, se conduisent comme des mouches importunes. Je refuse poliment, disant que je n’ai besoin de rien, j’essaye de rester calme et courtois mais la lassitude m’envahit peu à peu. J’adopte alors une autre stratégie qui semble porter ses fruits : je regarde le vendeur dans les yeux en lui souriant, sans rien répondre. Une fois le regard capté, le vendeur s’écarte. Comment est interprété ce regard par ces jeunes hommes ? Je ne sais pas mais je suis désormais plus tranquille.

A l’entrée du site, nous subissons une fouille sévère, je me fais confisquer mes deux couteaux, je les retrouverai à la sortie. Nous sommes admis dans la première cour dans laquelle donnent les différentes portes d’entrée.

       

 Les bâtiments en grès rouge, incrustés de marbre blanc et noir, sont  déjà splendides, enjolivés encore par les couleurs des saris.

Nous allons découvrir un joyau de l’art moghol construit entre 1632 et 1648 par l’empereur Shah Jahan pour abriter le mausolée de son épouse favorite Arjmand Banu, sa Mumtaz Mahal, l’élue du harem. Un magnifique témoignage d’amour qui ne se limite pas au bâtiment de marbre blanc mais s’enrichit d’un jardin, le tout pour donner une représentation terrestre du paradis. Une fois passé la porte qui mène à l’esplanade derrière l’édifice en grès rouge, j’ai le souffle coupé par la pure beauté de l’ensemble.

En contrebas, une pièce d’eau rectangulaire avec des jets d’eau est bordée par quatre jardins, un véritable tapis persan. Tout au bout, flotte entre ciel et terre, la blancheur du Taj Mahal. J’avoue que c’est là le plus beau monument que j’ai jamais vu, c’est un rêve, un mirage, une hallucination. Je me tais et je contemple.

La foule des visiteurs est dense mais ici, pas de gros rires gras, de mouvements désordonnés, non, les indiens vivent ici aussi un moment religieux qui demande de la retenue et de la dignité. Leur attitude est belle, harmonieuse comme ce qui se donne à voir.

Arrivés sur la plateforme, nous devons nous déchausser et suivre la longue file qui s’étend sur deux côtés du bâtiment. C’est une occasion de détailler les nombreux motifs floraux sculptés ou incrustés dans le marbre.

 

 

A l’origine, toutes ces pierres de couleur étaient précieuses mais le fils de Shah Jahan, Aurangzeb, les fit remplacer par des pierres semi-précieuses afin de récupérer une partie de son héritage, investi par son père dans cet ouvrage. Non content de cela, Aurangzeb fit emprisonner son père au Fort Rouge d’où ce dernier avait une vue imprenable sur le mausolée de son épouse bien-aimée. Shah Jahan repose heureusement à ses côtés.

L’intérieur du Taj Mahal ne contient pas de mobilier mais toutes les surfaces sont travaillées de manière ravissante : motifs sculptés, incrustations, dentelles de pierre. De la terrasse arrière, on découvre la Yamuna presqu’à sec en cette saison.

  Nos guides nous donnent 30 minutes pour flâner sur le site, je me sens laissé à mes instincts, je m’arrête sur place pour me gorger de sensations colorées, parfumées, sonores et autres. Je vais pouvoir flairer cette beauté, m’en gorger. Ce que je fais, terminant par un circuit dans le jardin avec ses oiseaux au plumage rutilant et les points de vue charmeurs qu’il offre sur le mausolée. 

    

Au sortir de cette visite merveilleuse, nos guides nous emmènent dans un atelier qui travaille le marbre et les pierres précieuses comme les bâtisseurs du Taj Mahal. A l’entrée, je découvre la climatisation made in India, un astucieux appareil muni d’un ventilateur située derrière une paroi en paille arrosée d’eau en permanence : fraîcheur garantie.

Nous voyons travailler les ouvriers et surtout nous découvrons les réalisations de cette manufacture. Après un petit exposé en français sur l’art de la marqueterie de pierre et un verre de cola (Pepsy ou Coca), nous voilà lâchés dans le magasin pour admirer les pièces et sortir les nôtres de nos portefeuilles.  J’admire : plaisir des yeux. 

 

Après le repas pris au restaurant de l’hôtel, j’ai le temps de m’étendre pour une minuscule sieste avant de repartir pour la visite du Fort Rouge. Cette forteresse construite par Akbar de 1565 à 1574 fut remaniée par Shah Jahan qui y fut emprisonné par son fils de 1658 à sa mort en 1666.

Au-delà des portes et des murailles, c’est une succession de cours, de pavillons, de chambres, de terrasses avec vue sur le Taj Mahal.

 

Les porches, les linteaux et les chapiteaux de colonnes sont remarquablement sculptés.

 

             Les toits s’ornent de clochetons bulbeux du plus bel effet, la présence d’un jardin intérieur apporte la touche végétale dans cet univers minéral.
La vie se passait à la fois dehors et dedans, dans un luxe que la nudité actuelle des lieux ne laisse plus deviner. Il devait y avoir profusion de tapis, de tentures, de coussins, sans compter les costumes magnifiques, les parfums et la musique omniprésente chez les mogholes.

Pendant que notre guide rajpoute donne des explications en français, des groupes d’indiens s’arrêtent et nous regardent comme des badauds. Nous devenons aussi un spectacle. Mais il suffit que les regards se croisent, que je souris et les voilà souriant à leur tour. Parfois la conversation s’engage par un « Where are you from ? » à la prononciation incertaine. Le père me présente ses enfants, la lycéenne me demande comment je trouve son pays. Il m’est même arrivé d’être photographié. Quelle curiosité !  Quelle bienveillance ! Cela me réjouit. 

La visite suivante est curieuse : nous allons visiter un musée de la broderie. Je m’attends à voir des chefs d’œuvre de cet artisanat de la peinture à l’aiguille mais c’est autre chose que nous découvrons. Il s’agit de la collection personnelle d’un créateur de broderies qui ont la particularité d’être en relief. Nous passons devant des oiseaux colorés plus vrais que nature, des tigres, des bouquets de fleurs, des paysages, une vue du Taj Mahal, le tout admirablement réalisé. Après cet apéritif, un assistant du patron nous fait entrer dans une salle obscure pour un spectacle particulier. Depuis un ordinateur portable, il commande les commentaires en français, la musique de fond, le lever des rideaux devant les tableaux brodés ainsi que la direction dans laquelle nous devons regarder. La mise en scène provoque l’amusement, ce qui n’enlève rien à la qualité de ce qui nous est montré. Certains tableaux ont demandé des mois, voire des années de travail. Les sujets d’inspiration orientale sont les mieux réussis. Notre brave présentateur s’emmêle un peu dans la technique, les commentaires sont en retard mais surtout, il ne réalise pas qu’il a affaire à des français qui commentent chaque pièce avec enthousiasme sans se préoccuper de la présentation préenregistrée. Là où je ne peux plus garder mon sérieux, c’est lorsque le rideau se lève sur le Christ en bon pasteur avec des moutons bien grassouillets et un commentaire bénévolant.  Je photographie le sujet.

 

Après ce moment cocasse pour nous, occidentaux, les choses sérieuses commencent, au premier étage où se situe la bijouterie Kohinoor. Tout est à vendre ou plutôt à acheter, nous pouvons tout essayer même des parures en émeraude pesant plusieurs kilos. Pendant que mes compagnons de voyage écoutent les commentaires avisés du patron et de ses assistants, je m’esquive pour flâner dans le magasin. Tout est de qualité irréprochable, de très bon goût mais je n’ai nulle envie d’acheter. Un vendeur plus âgé engage la conversation avec moi et me parle de sa famille. Il me pose des questions sur ce que je fais, je tente de répondre honnêtement. Je sens chez mon interlocuteur une simplicité sans détour très éloignée de notre façon de faire européenne avec sa pratique de la langue de bois. C’est rafraichissant de découvrir qu’il existe encore des rapports humains dénués de faux semblants.

 A suivre….

juin 10, 2011

Voyage au Rajasthan: 1er épisode

 

Cher lecteur,

 

De retour d’Inde, émerveillé par ce pays, je souhaite partager avec vous mon enthousiasme ou ma stupéfaction face à ce que j’y ai découvert.

Je n’ai jamais été attiré par la photographie, mes clichés valent peu mais c’est parfois la seule façon de transmettre ce que j’ai vu là-bas.

Et maintenant, en route….

 

Mercredi 20 avril 2011 – Première étape : Paris – Charles de Gaulle

Après un voyage en train sans histoire, je débarque avec ma valise et mon sac à dos à Roissy où je passe la première nuit pour pouvoir enregistrer tôt le lendemain.

Mon hôtel se situe près du terminal 3, j’emprunte la navette pour m’y rendre.  J’ai choisi l’hôtel Ibis dont je connais les performances. De toute façon, la nuit sera courte : le check-in est à 7h30 le lendemain.

Avant de prendre mon repas, je reprends la navette pour repérer les lieux d’embarquement et savoir le temps nécessaire pour m’y rendre (30 min.) 

19h30, souper, avec au dessert un délicieux moelleux au chocolat cuit à point. A une autre table, trois voyageurs chinois ont de la peine à se faire comprendre, ils ne parlent pas l’anglais et montrent dans l’assiette des convives ce qu’ils désirent manger. Après avoir remué ciel et terre, le restaurant déniche un membre du personnel qui parle une langue intelligible pour eux.

Revenu dans ma chambre, je regarde la télévision pour constater que rien n’a changé en la matière, c’est toujours en dessous de tout. Je suis une série policière au discours très « psy », c’est lamentablement médiocre.

 

Jeudi 21 avril 2011 Journée en avion vers Delhi

Levé à 5h45 après une mauvaise nuit de sommeil. Petit déjeuner léger (pain et tisane de tilleul) et en route pour l’enregistrement. A 7h, je passe la douane sans aucune difficulté, je vais pouvoir trainer dans la zone d’attente jusqu’à l’heure du départ à 10h30. J’achète un polar et une revue en anglais pour réactiver ma connaissance de la langue.

Dans le salon d’attente n°9 sont déjà réunis de nombreux indiens aux tenues colorées, un avant goût. Je regarde les gens, mon grand plaisir habituel. Vers 10h, on nous annonce un changement de porte d’embarquement. J’émigre vers le salon 6 où attendent aussi des indiens, une attente prolongée de 30 minutes : l’avion n’est pas prêt. Je trouve un siège à côté d’un homme profondément endormi. Ses bagages me renseignent sur sa destination, il va à Bombay. Il y a devant moi un fauteuil massant qu’une jeune femme essaye avec de nombreux gloussements de plaisir. Décidément, un aéroport ne manque pas de distractions. J’entends le premier appel pour le vol vers Bombay qui a lui aussi changé de porte. Je me dis que mon voisin n’a sans doute pas entendu l’appel et après quelques minutes, j’ose le réveiller pour lui demander quelle est sa destination. Il aura juste le temps nécessaire pour embarquer.

45 minutes de retard plus tard, nous embarquons. Je suis assis près de la fenêtre, côté aile ce qui me permet néanmoins de voir le sol. La place à côté de moi reste inoccupée, je pourrai faire une sieste dans des conditions plus agréables. Le plan de vol me signale que nous survolons Paris, Luxembourg, Nürnberg, Prague, Cracovie. Le paysage est très vert, plus nous avançons vers l’est et plus le relief semble accidenté. Nous longeons ensuite les Carpates, survolons Odessa, la Mer Noire, Bakou, la Mer Caspienne, Krasnovodsk, Meched et le paysage change, devient plus minéral, plus sec et jaune.

Il est 17h et le soleil se couche dans un lit de nuages roses de toute beauté. Après avoir survolé Kaboul et Lahore, j’aperçois les lumières de Delhi, cela scintille comme des diamants dans la nuit.

Il est 22h20 heure locale, soit trois bonnes heures de décalage lorsque je débarque dans le grand aéroport moderne de Delhi. Le passage de l’émigration est un peu laborieux et surtout très bureaucratique. Je remplis le document sans me soucier trop de l’exactitude des données, l’important pour le préposé, c’est que toutes les cases soient remplies. Avant de récupérer ma valise, je change 50 euros en roupies (3000).

Dans le hall d’accueil bondé, je retrouve le guide indien, muni du panonceau de l’organisateur du circuit et en attendant le reste du groupe, je me rince l’œil au spectacle de cette foule très bigarrée qui déambule paisiblement au milieu des chariots de bagages. Finalement, le guide français arrive avec le reste des participants : nous sommes onze, six couples et moi. A l’air libre, la chaleur me tombe sur le dos, 32° sec avec un peu de brise, très agréable. Les alentours de l’aéroport ressemblent à un no mans land avec béton et poussière.

Nous embarquons dans notre autocar « made in India » et entamons 40 minutes de routes surchargées de trafic malgré l’heure tardive pour rejoindre notre hôtel. Je distingue des campements militaires bien clôturés, de la végétation sur les bas côtés et une circulation anarchique que les coups de klaxon du chauffeur tentent de régenter. Nous traversons des quartiers plus aérés probablement dans New Delhi, il y a des ronds points, des carrefours, de longues avenues bordées de gros bâtiments qui se devinent dans l’obscurité. Nous roulons à gauche évidemment mais ici le code de la route connait de multiples interprétations, il faudra s’y faire.

Enfin, nous nous engageons sur la rampe d’accès de l’hôtel Méridien, un palace à l’entrée très impressionnante. Comme dans chaque hôtel, il faut passer par un portique de sécurité identique à celui de l’aéroport. En Inde, on ne badine pas avec la sécurité des touristes. Le hall est déjà spectaculaire par sa grandeur, nous y recevons le collier de tagètes et un verre de bienvenue puis c’est le contrôle des passeports et enfin la remise des clés. J’ai hâte d’être dans ma chambre pour pouvoir me reposer après cette longue journée.

Les ascenseurs extérieurs surplombent un atrium, une vue vertigineuse. La chambre n’est pas moins grandiose par son décor moderne, je ne résiste pas au plaisir de faire quelques photos. Mon appareil photographique jouera le rôle de seconde mémoire, il y a tant à voir que mon cerveau n’a pas le temps de graver ces images dans sa conscience. Le départ étant prévu pour 8h30 le lendemain, je ne tarde pas à me coucher.

 

 

 

 Vendredi 22 avril 2011 Delhi

J’ouvre le rideau pour un premier regard sur l’Inde. Je vois le sommet des arbres, quelques oiseaux dans le ciel et la ville avec ses entrelacs de fils électriques, d’antennes et quelques paraboles. Petit déjeuner buffet, mi-occidental, mi-indien avec beaucoup de fruits. Les autres participants du groupe sont répartis à d’autres tables. J’entame une conversation avec une voyageuse australienne qui a déjà visité l’Inde. « Voir le Taj Mahal et mourir ! » Je vais me contenter de voir le Taj Mahal, le reste attendra.

Départ à 8h30 pour la visite de la ville, je photographie des ambiances de rues. Tout me parait stupéfiant, la foule, le mouvement, les couleurs des saris, les petits commerces en tous genres. Je n’ai pas assez d’yeux pour regarder.

Arrivés dans la vieille ville aux rues étroites et encombrées, nous visitons la Grande Mosquée, Jama Masjid (1650-1656). Une volée de marche, les premiers marchands, dépôt des chaussures sur le seuil, inspection de la tenue vestimentaire : toutes les femmes sont revêtues de grandes robes au tissu fleuri, les hommes sont priés de cacher leurs mollets dans une sorte de paréo plus sobre. J’échappe à ce déguisement grâce à mon pantalon long, ma chemise à longues manches et surtout le foulard (indien) dont je me suis déjà couvert la tête. Pour éviter de se brûler la plante des pieds, le guide nous a conseillé de porter des chaussettes, très bonne idée aussi pour éviter la saleté du sol (fiente de pigeons, notamment). La cour centrale est bordée sur les quatre côtés par des murs crénelés. Les bâtiments sont surmontés de dômes à bulbes, nous voyons le premier exemple de marqueterie sur pierre : du marbre noir serti dans le marbre blanc et figurant quelque sourate du Coran. La moitié de la cour est couverte de draps attachés à des anneaux fixés aux murs pour éviter la chaleur déjà intense du soleil. Vu l’heure matinal, il y a peu de monde et l’endroit invite à la flânerie, au recueillement. Du côté opposé à l’entrée se tient un petit marché. C’est là qu’on peut trouver les hôtels pour routards où l’on peut se loger à peu de frais pour peu de confort. L’Inde n’est plus se qu’elle était, plus moyen de vivre une journée complète pour 20 euros, cette époque mythique est révolue, le mirage s’est incarné dans une modernité réaliste. Une petite fille me regarde. Je demande au guide local comment dire « bonjour ». C’est mon premier « namasté » auquel la fillette répond par un magnifique sourire. Je fonds devant tant de grâce.

 Le car nous reprend et nous traversons la ville neuve avec ses espaces verts et ses bâtiments de style victorien pour nous rendre au Raj Ghat, lieu où fut incinéré le Mahatma Gandhi le 31 janvier 1948. Il s’agit d’un grand jardin au centre duquel se situe une simple pierre noire devant laquelle les gens viennent s’incliner avec respect. Il fait chaud maintenant, le soleil s’active mais c’est très supportable au cause de l’air sec et d’une brise qui souffle de temps à autres, apportant des parfums de fleurs et d’autres effluves non-identifiés.

 Nous remontons dans le car, retraversons New Delhi et ses   grandes avenues, saluons au passage India Gate abritant le soldat inconnu. Les Indiens ont combattu aux côtés des anglais lors de la Première Guerre Mondiale, perdant quelques 100.000 soldats. Nous faisons plusieurs fois le tour d’un rond point pour admirer l’imposant ancien palais des vices rois des Indes, nous passons devant le Fort Rouge que nous ne visiterons pas, ayant d’autres occasions au cours du voyage de visiter des forts moins abimés que celui-ci.

   

Non loin de là, dans Chandni Chowk, nous avons la chance de visiter un temple sikh. Nous laissons chaussures et chaussettes dans un parloir gardé par un digne représentant de cette religion, la tête doit être couverte pour tous et à cet effet on nous fourni des chiffons couleur safran du plus bel effet pour les messieurs. Plongée dans la foule, escalier de marbre blanc aux dalles chauffées par le soleil (heureusement qu’il y a des tapis), arrivée sur une esplanade où l’on vend une pâte sucrée destinée aux offrandes. Le commerce marche bien dans les temples et les mosquées, tout le monde s’y retrouve.

Dans le sanctuaire, la ferveur est à son comble : musique, chants, procession autour du tombeau du saint martyre, gens en prière. C’est très étonnant. A la sortie, deux préposés distribuent à chacun une part de la pâte sucrée qui n’a pas été offerte à la divinité. Cette manière de communion est présente aussi dans les temples hindouistes où l’on offre de la noix de coco et des bonbons en sucre blanc à la divinité ainsi qu’aux assistants. Nous passons devant un bassin d’ablutions qui ressemble à une piscine.

Après nous être rechaussés, nous allons visiter les cuisines attenantes au temple. Tous les jours, des repas végétariens gratuits sont distribués à ceux qui le souhaitent.

                                                                   La préparation des légumes se fait à l’extérieur.

Nous entrons dans un antre à la chaleur d’étuve.

                                                                         Il y a tout d’abord la machine à faire les naans (depuis la pâte jusqu’à la cuisson),

                                                                                                                                                                                                                                                            

                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

 puis les pétrisseuses de galettes,                                                                                                

les chaudrons posés sur des fournaises où mijotes des légumes,

ensuite la cuisson des galettes.

Le sacré s’étend à la rue aussi avec de petits temples bien fleuris,

du plus modeste au plus raffiné, sur le trottoir ou le long d’un arbre.

La religion est partout et dans tous les actes de la vie.

                                                                                           

 Le commerce aussi d’ailleurs, tout se vend mais attention à l’hygiène.

        Ces appétissants jus de citron bien frais   ne sont pas fabriqués avec de l’eau filtrée,

 les gâteaux frits, les samosas et autres délices sont frits dans le l’huile douteuse et hautement toxique.

Mieux vaut s’abstenir de manger dans la rue.

Dans celle-ci, on rencontre toute une faune :

éléphants, vaches, chiens, chèvres, dromadaires et même des porcs qui vont d’un tas d’ordures à un autre.

La dernière visite de la matinée sera consacrée au Qutb Minar, complexe construit par les musulmans avec du matériau de réemploi venant de temples hindous.

 La tour, symbole de pouvoir s’élève à 72 mètres au dessus du sol, sa construction fut entreprise à partir du 12ème siècle. Plusieurs mosquées en ruine se trouvent dans un charmant parc fréquenté par les promeneurs et les écureuils.

 

Dans les édifices, les plafonds sont toujours remarquablement travaillés. Là où il y a moyen de tailler de la dentelle que ce soit dans la pierre ou dans le bois, les bâtisseurs ne s’en privent pas. Les portes sont travaillées de cette manière ainsi que les splendides jalis occultant les fenêtres pour permettre aux femmes de voir sans être vues. 

Nous quittons le royaume du grès rouge pour aller nous restaurer, il est près de 13h, il fait chaud, la matinée à été longue, il me tarde de me reposer. Heureusement que nous avons des bouteilles d’eau fraîches et un semblant de climatisation dans le car. Repas chez Waves, cuisine locale, bière fraîche (Kingfisher), je m’abstiens de dessert : c’est de la glace. 

Vers 15h, nous nous mettons en route pour Agra distante de 200 km de Delhi. Il nous faudra 5h d’autoroute pour y arriver, le soleil sera déjà couché en arrivant à l’hôtel.

Pourquoi tant de temps ? Parce qu’on trouve de tout sur les autoroutes indiennes : des camions, des voitures, des vélos, des tracteurs, des dromadaires et des vaches errantes. La vitesse s’en trouve ralentie d’autant.

Ces voies rapides traversent de petites agglomérations où il vaut mieux ralentir.

Cela a du charme, je me remplis les yeux au spectacle de la rue :  le vendeur de concombres au sel,

les chiens qui dorment dans la poussière, les femmes qui cuisinent en pleine rue, à côté des vaches et des cochons.

Dans les campagnes, la deuxième moisson se termine, les épis ont été coupés, certains sont entassés en attendant d’être broyés pour le fourrage. Les champs sont dénudés et roussis par le soleil.

L’assistant chauffeur de notre car nous approvisionne en bouteilles d’eau à un prix très démocratique. Avec le temps chaud et sec, il faut boire plus que d’habitude, jusqu’à 5 litres par jour. Je ne me fais pas prier.

L’entrée dans Agra est longue et pénible, tout est embouteillé et j’ai hâte d’arriver à l’hôtel. Enfin vers 20h30, je peux prendre possession de ma chambre à l’hôtel Trident. J’éteins la climatisation pour éviter tous les maux liés à ce fléau : coup de froid, névralgie et autres. La chaleur est très supportable et je commence à m’y habituer. Je constate que mon corps fonctionne mieux par 40°, il ne doit plus faire d’effort pour maintenir sa température. Décidément, je tiens du reptile.

A suivre….

 

 

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